Résumé:
Il y a aujourd'hui une crise de la description des images du cinéma, si l'on en
croit une déclaration de Jean-Luc Godard pour qui les cinéphiles devraient
s'inspirer du quotidien de sport L'Équipe : «Dans le compte-rendu que je lis,
je retrouve vraiment ce qui s'est passé la veille», dans la mesure où les journalistes
sportifs décrivent toujours finement les gestes et les actions qu'ils
ont vus auparavant au stade.
L'ironie du propos doit nous conduire à dépasser la plainte qui l'enveloppe,
et à examiner dans le détail les manières dont la fonction descriptive
se développe devant un film ou une séquence filmique : pour l'analyste, le
théoricien des images, l'historien du cinéma, le philosophe cinéphile. Dans
une époque où le discours sur le cinéma est confronté à d'importantes
mutations (critique frontale et indifférenciée de la circulation des images,
profusion des commentaires via les blogs internet), cet ouvrage répond
à la nécessité de penser les protocoles contemporains de la description
filmique. L'idée est de faire appel à des spécialistes de l'image pour apprécier
avec eux comment s'est construite leur pensée du cinéma depuis une
pluralité d'opérations descriptives. L'articulation entre l'objet et la méthode
de description est constamment interrogée, à travers des contributions sur
des réalisateurs très variés (de Hitchcock à Pasolini, d'Orson Welles à Gus
Van Sant) et des objets filmiques spécifiques : fictions, remploi d'images,
gestuelle des corps en action, dimension sonore du cinéma, etc. pour
défendre une pratique descriptive toujours singulière et jamais définitive.