Résumé:
Toute prière - murmurée ou hurlée, chantée ou récitée, litanique
ou improvisée - dénude, ressource, désarme et rapproche
de l'essentiel. André Gide, que l'on ne croirait pas expert en la
matière, écrit : «La prière est la forme oratoire de l'âme.» Et
l'on saisit dès lors le lien secret unissant prière et littérature.
Les études réunies ici s'interrogent à travers l'oeuvre de plusieurs
écrivains - Racine, Balzac, Hugo, Baudelaire, Huysmans... -
sur la façon dont la forme de la prière est capable de stimuler tout
à la fois la création littéraire et la réflexion sur le processus créateur.
L'écrivain peut dire sa prière de croyant en mettant son art
au service de ce qu'il célèbre ou demande. Mais l'écrivain sans
foi peut aussi donner à sa pensée, à ses aspirations secrètes, ou à
ses pleurs, une forme de prière. Et la parole humaine retrouve
bien là sa vocation première : celle d'appeler dans le noir.
Ainsi au coeur des détresses les plus profondes, des incroyances
les plus opiniâtres, dès lors qu'il y a écriture, n'y a-t-il pas appel
et acte de foi ? Jetée en désespoir ou en connaissance de cause,
toute oeuvre littéraire ne peut-elle être lue comme une prière ?