Résumé:
Pour quelle raison choisir de parler d'une oeuvre telle que celle de Proust en prenant l'eau comme thème de réflexion ? Parce que jusqu'à ce jour, je n'ai pas eu connaissance d'un ouvrage qui traitait de ce sujet, alors que l'eau me paraît habiter cette oeuvre ou, plus précisément, la codifier. À la suite de cette constatation, il m'a semblé intéressant de m'interroger sur la place qu'elle tient dans le roman, sur le message qu'elle délivre, sur la force imaginante qu'elle anime. L'écrivain ne trouve-t-il pas dans l'eau substantielle l'équivalent à sa propre démarche, qui est de rendre au monde la vision de lui-même non déformée mais transformée ? Ainsi l'oeuvre, à l'égal de l'eau, participe-t-elle à ce que j'oserais appeler « la liturgie de la rénovation ». Proust n'envisage pas son roman autrement que comme un miroir tendu à son lecteur afin, qu'à travers lui, il ait accès à une réalité nouvelle, où la mémoire involontaire et le reflet jouent un rôle identique, introduisant le passé dans le présent et supprimant cette grande dimension du Temps où la vie ne cesse de se briser.