Résumé:
«J'ai moi-même, le temps d'une soirée lucrative, abusé
d'un auditoire en frappant aveuglément, paumes ouvertes ou
poings fermés, sur tous les endroits possibles d'un piano...
donc pas seulement sur le clavier. À vrai dire, je suis peu méritant
d'avoir réussi cette mystification, car je savais ne prendre
aucun risque d'être arraché de mon tabouret : je fus chaudement
applaudi, avant tout parce que le public avait peur de
désobéir aux conventions sociales et de paraître insoumis aux
dogmes modernistes. Peut-être y avait-il aussi, dans la salle,
des modernes convaincus : ma situation n'en était alors que
plus sûre, car dès lors qu'ils préjugent que les muses sont
musiciennes, comment pouvaient-ils faire la différence entre
un éventuel procédé de mon écriture et un comportement
ironique ? Lequel des deux me faisait jouer ainsi ?»
Après l'anecdote humoristique, destinée à concentrer l'attention
de ses étudiants, Yves-Marie Adeline apporte un
enseignement précieux et clair, permettant de mieux comprendre
les problèmes posés par l'art contemporain.