Résumé:
Grand romancier, Hugo Claus est également un maître de ce genre narratif plus laconique qu'est la nouvelle. Il a publié à ce jour - en néerlandais - trois recueils de récits. Le premier fait la part belle à l'humour, à la fantaisie, au grotesque. Les deux recueils suivants sont plus proches de l'art du puissant romancier qui s'est fait connaître en France grâce au Chagrin des Belges. Les vingt nouvelles réunies dans ce volume sont celles que l'auteur considère comme les plus achevées et en tout cas les plus représentatives de son oeuvre de nouvelliste.
Le lecteur va découvrir dans L'Empereur noir un grand virtuose de l'allusion, de l'ellipse, du sous-entendu. L'inspiration y est souvent autobiographique, mais la mémoire intime, plutôt que de projeter une lumière directe et crue sur le moi de l'auteur, se contente de lui fournir des motifs : l'enfance flamande, la guerre, les travaux saisonniers dans les sucreries du nord de la France, la vie de bohème d'un jeune artiste débarqué à Paris, etc. L'écriture de Claus, extrêmement concrète et sensuelle, prête à ces motifs un grand pouvoir d'évocation, elle permet à l'auteur de glisser imperceptiblement d'une perception <> du réel à la rêverie, à différentes formes d'onirisme.
L'Empereur noir est riche en personnages trahis par la nature et par la société, par l'écoulement du temps ou même par leur propre comportement - mais qui gardent en eux l'image, comme voilée, d'un paradis perdu. Cela n'empêchera pas le lecteur, obéissant à la puissance de suggestion du récit, de s'identifier à eux et à leur destin.