Résumé:
Notre attitude envers les bêtes révèle notre bêtise,
non la leur. Soit nous les prenons pour des machines
et nous prétendons que leur souffrance n'est rien.
Soit nous en faisons des parents éloignés et nous en
faisons des égaux. Notre bêtise est d'abord notre
ignorance. Comment les connaître ? Ne statuant pas
sur ce qu'ils sont, nous avons alors tous les droits
sur eux et les transformons en objets industriels et
économiques. Ou, à l'inverse, ils deviennent notre
modèle de moralité et nous leur accordons des droits
en ne nous attribuant que des devoirs. Notre bêtise
est ensuite notre démesure. Que leur devons-nous ?
À la suite du biologiste Jakob von Uexküll, l'animal
est pensé ici comme un sujet qui perçoit, imagine, agit
et constitue son milieu. L'anthropomorphisme est
défendu comme méthode, tant pour la science que
pour la morale, afin d'être moins bête et en restant
surpris par ce qu'ils sont.